GRR 2009

Il est l'une des figures les plus emblèmatiques du Trail national et international, avec de superbes performances comme son récent podium lors de l'UTMB 2011 (le second après celui de 2009). Il vit désormais de sa passion et a accepté de répondre, avec un regard critique mais ô combien investi, aux questions de Trail974.
Sébastien Chaigneau nous livre, dans un entretien "vif", sa vision sur le Trail et nous parle du lien qu'il a avec la Réunion et le GRR.

                       

                        Sébastien, nous connaissons tous le champion que tu es...quel est ton passé sportif?


En fait j’ai commencé par l’école d’athlétisme vers l’age de 10 ans et j’ai arrêté a l’age de 22 ans car avec les études que je faisais en biotechnologie je n’arrivais pas à suivre le rythme des cours et de deux séances par jour donc comme je fais jamais les choses à moitié j’ai tout arrêté et j’ai recommencé à courir a 30 ans. Entre temps j’ai fais un peu d’escalade et de montagne et j’ai pris goût à courir dans des endroits très durs et petit à petit j’ai rallongé.

                        Comment t'es tu lancé dans le course de montagne?

Un peu par accident car a cette époque je faisais de l’escalade et pour gagner en endurance dans les voies je me suis remis a courir. Bon le village ou je vivais à ce moment était perché sur un rocher et le morceau de plat que je pouvais y trouver devais faire 400m à tout casser. En plus durant mon service militaire effectué dans une section de renseignement d’un régiment d’infanterie de montagne, je me suis trouvé des capacités en montagne qui m'ont motivé à continuer pour en arriver là aujourd’hui.

                        Tu fais partie d'un Team et tu vis de ta passion...dis nous un peu plus...qu'est-ce que cela a changé dans ta préparation?

En fait au niveau préparation tout a changé, car à l’époque ou je travaillais, je restais persuadé comme beaucoup encore aujourd’hui, qu’il fallait faire beaucoup de kilomètres et d’entraînement pour réussir à améliorer ses performance et avec l’expérience je me suis rendu compte que non et qu’un travail bien ciblé amenait à des résultats très corrects. De plus il faut quand même savoir que depuis que je suis passé professionnel en juin 2010 je me retrouve avec beaucoup moins de temps et de périodes d’entraînement en continu. C’est plus compliqué à gérer car avec les déplacements réguliers à l’étranger je dois gérer les décalages horaires et c’est que je trouve le plus compliqué et le plus fatiguant.

                       Quand as tu entendu parler du Grand Raid de la Réunion pour la 1ère fois? Parle nous de ta 1ère expérience dans cette course?

En fait j’ai entendu parler de la diagonale en 2002, ayant débuté le trail fin 2001 et je me suis dis qu’un jour j’irais faire un tour mais à l’époque c’était 120 kilomètres et loin sur une île. Après avoir progressivement augmenté les distances et avoir pris le temps de progresser j’ai un sponsor de l’époque qui nous a dit à Pascal Blanc et à moi-même qu’il nous avait inscrit et ça c’était en 2005 mais nous n’avions jamais fais plus de 75 kilomètres en course. Donc nous avons relevé le défi et nous nous sommes préparés pour faire cette épreuve. En commençant par le grand raid du Mercantour ou nous avions fait toute la course ensemble et ou j’avais fini difficilement les 17 derniers kilomètres mais à la 3eme place ex-Eco avec Pascal et ensuite à la diagonale ou nous avions abordé les choses de la même manière et ou nous avions terminé respectivement 3eme et 7eme.

                        Parle le nous de la Réunion? Qu’est-ce qui te plait et t'attire?

Ce qui me plait sur l’île et bien c’est très simple c’est l’accueil le melting-pot culturel les paysage et le coté sauvage et dur du paysage. En grimpant vous vous trouvez dans des forets de pins et 300m plus loin c’est la jungle, incroyable… ? C’est tout ce mélange qui fait que j’aime tout particulièrement la diagonale et l’île même si au jour d’aujourd’hui je pense que je ne peux plus doubler avec l’UTMB en ayant le même niveau sur les deux. Etant trop près l’une de l’autre elles se mangent un peu et s'il y avait un mois de plus de délais je pourrais me permettre de faire les deux sans trop de soucis mais six semaine et comme les organisateurs ont voulu encore faire plus….Je pense que la course "a toujours plus" comme il a été choisi d’être fait ces dernières année par l’organisation pour être toujours plus long et plus dur ne va pas dans le sens de développement de l’épreuve, bien au contraire…
 
 
                          Nous avons des "grands noms" qui viennent chaque année mais on dit parfois que la Réunion souffre d'un manque de notoriété au niveau international par rapport à d'autres courses dans le monde. Quel est ton avis la dessus et comment attirer plus de coureurs internationaux (japonais, américains, espagnols, italiens etc...)

En fait c’est tout ce qu'il y a de plus normal: c’est ce que je viens d’expliquer juste auparavant c'est-à-dire qu’au départ la course est dure naturellement et qu’en plus chaque année on la rallonge pour être au même niveau que les autres en distance c’est une erreur stratégique!Il faut voir le trail et l’ultra, comme un sport et non comme la course "a toujours plus" et ce que certaines personnes ne voient pas c’est qu’il n’est déjà pas simple de venir sur l’île, si en plus c’est pour faire une course très très dure cela ne motive pas trop les gens. Il faut aussi penser que ce type de course étant aussi prés de L’UTMB et ayant quand même besoin d’une préparation longue, il est presque plus possible de récupérer et de refaire une préparation correcte donc ensuite les coureurs choisisseent le sommet mondial de l’ultra et viennent à Chamonix. Le jours ou ils auront compris que 6 semaines c’est trop court et que 162 kilomètres c’est trop long comme temps de course et non comme distance…il y aura un grand pas qui sera réalisé. Il y a aussi le facteur médiatique qui est important car la communication pour la diagonale se fait avec les journalistes locaux et pour les journaux de l’île maintenant s'ils veulent être reconnus dans le monde entier il faut faire venir des magasines du monde entier et leur vendre la course en les véhiculant et en leur montrant tout ce qu’il y a à voir, c’est tellement incroyable…

                     Julien Chorier a fait l'impasse sur l'UTMB en 2011 pour venir gagner sur le GRR un peu plus tard...penses tu que cela soit indispensable pour espérer remporter cette épreuve si éprouvante?(Récupération trop insuffisante par rapport à l'UTMB)

Oui, c’est ce que j’ai expliqué au dessus, pour doubler maintenant avec le niveau qui augmente chaque année ce n’est plus possible donc il faut faire des choix. Et le choix est plus simple quand tu as une course ou tu retrouves tout le monde et tous les plus fort coureurs au monde, sans oublier les retombés médiatiques. (l'UTMB)

                     Quel est le moment le plus fort que la course de montagne ici à la Réunion ait pu te procurer?

Je pense aux derniers kilomètres du GRR avec la redescente du Colorado lorsque tu vois le stade allumé en bas.

                     Parle nous de l'ambiance d'une course comme le GRR par rapport à l'UTMB?

C’est aussi un problème mais je crois que cela va avec le fait qu’au niveau international il n’y a pas ou peu de reconnaissance, par contre ce que j’ai toujours trouvé hallucinant c’est le manque d’intérêt des réunionnais pour la course féminine car lorsque l’on voit qu’il n’y a personne à l’arrivée pour les femme après avoir fait la même course que les hommes, cela me désole un peu. En plus ce que je trouve aussi dommage c’est l’intérêt plutôt léger pour les 25 premiers et pour la remise des prix mais cela est une autre histoire. C’est tout un tas de petites choses qui vont faire qu’au jour d’aujourd’hui les coureurs internationaux vont faire leur choix pour Chamonix et au détriment de la diagonale à mon grand regret car c’est certainement une des courses les plus belle au monde malgré la fin du parcours qui a mes yeux était beaucoup plus belle par les crêtes d’Affouche.

                      Les réunionnais font de toi, à juste titre, un grand favori à chacune de tes visites....est-ce que gagner le GRR fait partie de tes priorités?

Pas spécialement même si c’est très certainement une bonne chose mais je ne cours pas après les victoires car il y a plein de belles choses à vivre et plein de bons moments à passer à courir avec d’autres coureurs. En plus en ultra lorsque tu pars avec l’idée de gagner tu pars plus avec un handicap. Il faut laisser faire les choses et ne jamais avoir de regret dans les choix et prises de décisions.

                       Que penses tu de cet amour qu'ont les réunionnais pour la course de montagne?

A ce niveau là je pense que vu la configuration de l’île ils n’ont pas trop le choix, mais c’est aussi dans leur culture. C’est même ce qui a fait leur histoire avec la décision de partir dans les terres pour échapper à l’esclavage et aux négriers. Ce qui est incroyable c’est que même encore actuellement les gens des ilets sont restés et ont continué à vivre et à aimer la montagne même toute difficile qu’elle soit.

                      Est-ce que tu suis l'actualité des courses ici à la Réunion? (Arc en ciel, Cimasalazienne, la 974 etc...)

Un petit peu mais pas plus que sur le continent car je suis souvent en déplacement à l’étranger et de ce fait ce sont plus les discussions qui me tiennent informé.

                      Quels sont tes objectifs pour 2012? Allons nous avoir la chance de te voir au départ du GRR pour sa 20ème édition?

Je ne pense pas être présent pour le 20eme anniversaire sauf contre ordre car je fais la transgrancanarias , le tour du mont Fuji, l’UTMB et une ou deux autres courses dont une en Corse peut être une à San Francisco et une au Chili.

                       Pour finir, quel est selon toi la définition de l'Esprit Trail? Comment vois tu l'évolution du Trail?

Pour moi l’Esprit Trail est encore préservé pour le moment et je le défini par l’alchimie et les vibrations ressenties avec les autres durant les courses ou les sorties seul ou accompagné. Cette esprit est très important à préserver car sans cela nous perdrions le sens de cette pratique sportive.
Concernant l’évolution du trail c’est une tendance qui commence à évoluer et enfin dans le bon sens car nous sommes partis un peu n’importe comment avec des courses toujours plus longue plus dure et je pense que pour ces courses là ce que je trouve dommage c’est qu'en fait les gens ne courent plus ils marchent beaucoup et quelque part ce n’est plus vraiment du trail c’est plus de la rando active. En plus le fait de réaliser ce type d’épreuve les gens et les lecteurs ne peuvent pas s’identifier à ces personnes là et si le public n’est plus intéressé alors c’est le déclin de la pratique. Comme il y a eu en raid multisports avec le "toujours plus" et les courses des championnats du monde sur 6 jours non stop ou il va rester 10 ou 15 équipes dans le monde à être capable de réaliser cela et le grand public se désintéresse de ce type d’effort.
C’est d’ailleurs pour cela que je trouve dommage que le Grand Raid de la Réunion ait été repensé au fil des années car cela l’a certainement plus desservi qu’autre chose. D’ailleurs,si les internationaux se désintéressent de l’épreuve j’ai expliqué pourquoi mais attention à ce que ce ne soit pas les réunionnais qui se retrouvent à s’en désintéresser car ensuite c’est la mort de l’épreuve surtout s'il venait à y avoir une nouvelle épreuve plus réalisable pour tous avec des distances proches de celle qui y avait auparavant ( 125/145 kilomètres) , cela pourrait bien remettre pas mal de choses en question….

                                                           MERCI INFINIMENT SEBASTIEN

Propos receuillis en février 2012
 
 
 



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